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Jour 12: une amie vient me rejoindre

Dernière mise à jour : 7 févr. 2021

J'ai une bonne amie qui est venue me rejoindre pour les deux derniers jours de marche. Au début elle ne venait que pour une seule journée. Je ne saurais dire ce qu'il l'a convaincue le plus de rester une journée de plus, mais disons qu'au nombre de voitures qui arrêtaient pour prendre des photos ou nous donner des cadeaux, l'arrivée promettait d'être haute en couleur et j'avais vraiment le goût qu'elle voit ça avec moi. Ça me tentait d'avoir du monde avec qui partager ce souvenir dans le futur. Quand elle est repartie, elle a faite cette publication sur Facebook. Je trouve que c'est vraiment bien écrit et puisque ça m'a beaucoup touché, je te le partage ici:


Publication de Sarah:


Mon cher ami Jasmin Coq-Volant Lafortune est parti à pied de St-Ambroise vers Manawan le 14 octobre dernier, avec ses bons vieux caps d’acier aux pieds, et pour tout équipement dans son sac à dos : sa belle naïveté, son grand cœur plein d’amour, sa joie de vivre contagieuse et son « dans mon monde à moi » plein d’idées révolutionnaires. Parce que dans son monde à lui (et dans celui de beaucoup de gens), une femme atikamekw qui meurt à l’hôpital de Joliette sous les insultes et le mépris du personnel soignant, c’est inconcevable, et ça méritait un grand geste à échelle d’homme – une marche de 200 kilomètres – pour crier son indignation à la face du gouvernement, et pour donner tout son amour à la communauté atikamekw. Au risque de me répéter, tu as tout mon respect et toute mon admiration, Jasmin.


Quand il m’a invitée à venir faire un bout de chemin avec lui, j’ai hésité. Je suis toujours choquée et dégoutée de voir le traitement qu’on réserve aux Autochtones, mais aussi toujours profondément malaisée de me trouver parmi cette majorité blanche qui laisse le racisme systémique se perpétuer en n’agissant pas assez, en ne dénonçant pas assez, en ne sachant pas quoi faire, tout simplement. On se sent souvent petits et démunis entre le mépris et l'inaction de nos gouvernements et la résilience incroyable des Autochtones. Qu’est-ce qu’on peut faire de significatif, qui ne nous laisse pas l’impression de donner un coup d’épée dans l’eau?


J’ai décidé d’aller marcher les trente-deux derniers kilomètres avec Jasmin, parce que dans le fond, c’est ça qu’on peut faire. Se faire des ampoules aux pieds pendant une couple d’heures pour aller offrir nos sympathies aux gens qui se font des ampoules aux pieds depuis des centaines d’années à force de marcher pour leurs droits, pour la reconnaissance, pour une vraie justice – et qui ne trouvent pas, chez les Québécois, l’accueil exceptionnel que les Atikamekws de Manawan ont offert à Jasmin (et à André-Luc et moi, par la bande). Qui ne trouvent pas non plus cette main tendue pour faire une union forte et positive entre nations. Du peu que j’en ai vu sur ces 32 kilomètres, les Atikamekws ont fait preuve d’une générosité sans bornes, allant des offrandes de poutine aux précieuses anecdotes qu’ils nous ont livrées en nous faisant faire le tour de la communauté. Ils nous ont parlé de leur histoire (la vraie, pas celle qu’on apprend à l’école), de leur langue, de leur mode de vie, de leurs souffrances aussi.


Les Atikamekws de Manawan, ce sont des gens fiers, aimants et résilients, qui marchent la tête haute et gardent le sourire même dans les pires conditions, et je me considère extrêmement choyée d’avoir pu les découvrir un peu plus au cours de cette petite marche. Alice Echaquan m’a dit que oui, nous portons en nous l’histoire de nos ancêtres (avec tous ses mauvais pans), mais qu’il faut apprendre à s’en détacher aujourd’hui pour construire ensemble sur des bases positives. Aussi simple, aussi sensé. Merci Alice pour ces sages paroles qui m’ont permis de comprendre comment me sentir moins démunie dans cette lutte contre le racisme envers les Autochtones.


Quand on m’a dit qu’à l’heure actuelle, il y a des membres de la communauté de Manawan qui ont besoin de soins de santé, mais qui refusent de se présenter à l’hôpital par crainte d’être eux aussi abandonnés par le système, ça m’a crevé le cœur. Trouvez-vous ça normal, vous, que ces gens aient peur d’aller se faire soigner parce qu’ils savent trop bien avec quelle cruauté on pourrait les traiter?


#JusticePourJoyce. Justice pour les Atikamekws. Justice pour toutes les Premières Nations.




On a fini par dormir au kilomètre 70. C'était ma dernière nuit avant mon arrivé. Dans les affaires cool qui s'est passées là-bas, j'ai rencontré Richard Moar qui est venu me parler de la marche qu'il organise chaque année entre Joliette et Manawan: Motetan Mamo.


Aussi, il y a eu un groupe de personne qui est venue faire le party pendant un moment. On a rigolé, on a parlé langage des signes, on m'a dit que moi et mon chien allait brailler tellement l'arrivée sera belle. hahaha. Aussi, cette nuit-là j'ai vécu de quoi d'assez spécial au niveau ésotérique. J'en parle plus tard dans une vidéo.

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